Le Guide de la DME Diversification Menée par L’Enfant

28 février 2023

12 min. de lecture

Guide pour tout savoir sur la DME. Il vous donne toutes les clés pour un démarrage réussi et sans culpabilité.


La DME est une méthode de diversification qui fait couler beaucoup d’encre. Arrivée des pays anglo saxons, cette méthode était peu connez des professionnels de la petite enfance jusqu’à il n’y a pas si longtemps et n’est pas toujours expliquée aux jeunes parents.

Votre diététicienne formée en pédiatrie vous livre ici des clés pour faire vos choix pour vous et votre enfant en conscience.

1. La DME, qu’est-ce que c’est ? Définition

La DME est une méthode de diversification alimentaire qui vise à donner l’autonomie de la prise alimentaire à l’enfant. Les parents proposent donc un repas en morceaux ou en purée que le bébé portera lui-même à sa bouche et mangera dans les quantités qui lui conviennent. C’est l’enfant qui est acteur de son repas.

Ce type de diversification et d’alimentation permet à l’enfant très jeune de développer son autonomie, stimuler ses 5 sens avec la découverte alimentaire, développer sa motricité et notamment sa motricité fine, prendre confiance en lui, écouter et respecter ses sensations de satiété, découvrir les aliments sous une autre forme que mixé et cela éveille donc sa curiosité, et lui permet de partager des repas très vite comme ses parents…

2. A qui s'adresse la DME ?

Pour tous les enfants en âge d’être diversifiés. Cela peut être mis en place dès le début de la diversification alimentaire ou plus tard, sachant que le plus tôt l’enfant à accès à une alimentation autonome le meilleur c’est pour lui. Cela doit toujours être mis en place après discussion avec le pédiatre afin de s’assurer que tout est ok, c’est lui qui vérifiera les éventuelles malformations buccales ou trouble de la coordination qui pourrait être un frein au bon déroulement de la DME (le but n’étant pas de mettre l’enfant en difficulté).

Il est important de noter que ce n’est pas parce qu’on a commencé à donner des purées à notre enfant qu’on ne peut pas faire la DME ensuite ou en parallèle.

3. A partir de quel âge ?

La diversification alimentaire est recommandée entre 4 et 6 mois afin d’éviter les risques de développer une allergie alimentaire. Cependant la diversification menée par l’enfant est avant tout une façon de prôner l’alimentation autonome.

Si il est commun de conseiller l’allaitement à la demande, il convient de donner le biberon sur ce même postulat : respecter la faim, le rythme de son bébé et sa satiété doit être fait dès les premiers jours de vie de l’enfant. En faisant cela on est déjà dans une alimentation autonome puisqu’en observant les signes que nous envoient le bébé on respecte son rapport à l’alimentation.

A 4 mois, l’enfant n’a pas le tonus musculaire pour se tenir assis et se redresser suffisamment pour pouvoir manger des morceaux, mais le diversifier avec des purées données à l’aide de cuillères pré remplies qu’il portera lui-même à sa bouche, c’est faire un pas vers la DME.

A partir 6 mois, et si sa posture le permet alors on pourra lui proposer des morceaux. En pratique on conseille d’introduire les morceaux environ 2 mois après le début de la diversification.

En suivant ce calendrier d’introduction vous respectez les recommandations de l’OMS qui recommande les morceaux à partir de 6 mois mais aussi les dernières études qui indiquent la fenêtre de 4 à 6 mois pour limiter les risques d’atopies.

4. Les avantages de la méthode

Les avantages de la DME sont nombreux.

·        Chaque enfant nait avec une régulation de sa faim et une écoute de ses besoins naturelles. Les enfants savent reconnaitre les sensations de faim mais aussi de satiété et même ses besoins en nutriments et respecte naturellement cela. La DME permet à l’enfant de rester à l’écoute de ses sensations et de son corps.

Pour cela il ne faut pas forcer l’enfant à finir son assiette, faire du chantage au dessert, féliciter l’enfant quand il a fini son assiette, forcer l’enfant à manger tel ou tel aliment, mettre l’enfant face à un écran pendant le repas etc… Ces pratiques déconnectent l’enfant de ses sensations ce qui est dommage puisque c’est la clé pour une alimentation équilibrée et sereine tout au long de sa vie.

Si on a peur du gaspillage : on peut servir moins, et proposer de resservir. Rappelons aussi qu’il faut environ 20min pour que la sensation de satiété arrive au cerveau : manger vite ne permet pas à votre enfant de respecter ses réels besoins.

·        Cela favorise le développement de la motricité fine de l’enfant et de son autonomie

·        Cela favorise le développement de la coordination œil – main - bouche

·        Cela permet à sa mâchoire de se muscler et de se développer, et lui permet une meilleure mastication. Son palais se développera de façon plus harmonieuse

·        Les chances de développer une néophobie alimentaire sont moindres. L’enfant connaitra les aliments sous leurs formes brutes et sous d’autres formes que la purée. Cela lui permettra d’être plus sécure avec et il sera moins enclin à les refuser un peu plus tard vers 18 mois - 2 ans, l’âge où de nombreux enfants développent une néophobie alimentaire.

·        Cela permet à l’enfant de découvrir le vrai goût de l’aliment (sous forme de purée souvent mélangé à de la pomme de terre, un légume n’a plus le même gout)

·        En mettant à la bouche lui-même, l’enfant respecte son propre rythme de repas et non pas celui du parent qui donne à la cuillère.

·        La DME permet de développer la confiance en soi

·        Permet à l’enfant d’apprécier les aliments via ses 5 sens, de les toucher, sentir, …. ce qui est très important pour découvrir un aliment de façon complète.

·        On réduit les risques de surpoids et d’obésité grâce au respect de la satiété

·        On dépend moins des produits issus de l’industrie agro-alimentaire : économies et qualité dans l’assiette au RDV.

5. Les points de vigilance

La grande peur face à la DME est le risque d’étouffement. Si il est réel, il reste rare et il convient de respecter ces quelques règles lors des repas.

Attention à ne pas s’affoler et affoler votre enfant face à ce qu’on appelle le GAG. Le GAG aussi appelé reflexe nauséeux permet de ramener la nourriture de l’arrière vers l’avant de la bouche pour la ressortir. C’est une sécurité innée chez l’enfant pour protéger ses voies respiratoires qui lui permet de ressortir un aliment trop gros qui le surprendrait. Ce réflexe est amené à s’amenuiser petit à petit, au fur et à mesure de la diversification de l’enfant et de son exposition aux morceaux. En effet, il passe d’une alimentation exclusivement liquide à une alimentation solide et ce réflexe lui permet de se protéger.

Il ne s’agit donc pas d’étouffement et il faut donc différencier ce réflexe qui dure quelques secondes de l’étouffement.

N’hésitez pas à vous former aux gestes de premiers secours si besoin pour adopter la bonne attitude en cas d’étouffement.

Enfin il convient de toujours vérifier que l’enfant n’a plus rien en bouche avant qu’il passe à une autre activité.

Voici les prérequis avant de commencer :

·        Un enfant qui se tient droit assis et sait se redresser seul (se pencher en avant seul dans sa chaise)

·        Un enfant qui sait porter seul des objets à sa bouche

·        Un enfant qui a envie d’être présent à table

·        A partir de 6 mois (idéalement entre 6 et 8 mois)

·        Etre dans un environnement calme, non bruyant avec peu de stimuli extérieurs (pas d’enfant qui jouent à proximité par exemple)

·        Prendre son repas avec lui pour qu’il puisse observer et imiter. Cela permet d’avoir toujours un œil sur l’enfant également.

·        On fait attention à la taille des morceaux et à leur texture

·        Etre prêt à ce que l’enfant se salisse et salisse autour de lui (chaise haute, tablette/table, vêtements, visage, mains…)

6. J’ai commencé par une diversification classique et des purées puis-je faire la DME ?

Comme je l’ai expliqué plus haut, oui purée et morceaux ne sont pas incompatibles : au contraire : plus on propose de diversité dans les gouts mais aussi dans les textures plus on étoffe le panel alimentaire de l’enfant qui agrandi les connaissances de ses papilles gustatives.

7. Quels aliments pour démarrer ?

On peut commencer par introduire un à un les légumes cuits (brocolis, carottes, courgettes, courges etc.) et les fruits cuits ou crus mais avec une texture très très fondante (bananes, poires, pommes, kiwi, etc.). Puis on compose et on ajoute petit à petit féculents (pommes de terre, patate douce, etc.), protéines (viandes, poissons, etc.) et laitages en suivant les recommandations.

Afin de savoir si la texture est correcte on peut tester d’écraser soi-même le morceau entre sa langue et son palais : si cela s’écrase sans résistance c’est bon.

Il est préférable de commencer avec un repas ou parents et enfants sont en formes et prêts pour cette nouvelle expérience, et petit à petit on proposera à d’autres repas dans la journée.

8 . Quelles recettes ?

Au démarrage il n’est pas forcément nécessaire de se lancer dans des recettes spécifiques pour votre enfant. Découper des légumes en morceaux de taille adaptées à sa main et à sa capacité de préhension, les cuire à la vapeur en lanière ou en bouquet et les présenter avec juste un filet d’huile riche en oméga 3 (excellente pour le bon développement du cerveau) est une bonne façon de débuter.

Pour certains aliments notamment certains allergènes comme les noix, les arachides, on peut utiliser des purées (purées d’oléagineux par exemple) que l’on propose sur des outils porteurs : cuillère, doigts, pain des fleurs, légumes…

Pour les protéines, qu’il est important d’introduire dès 6 mois pour ne pas risquer la carence en fer, on peut la mixer ou utiliser des protéines végétales comme le houmous qui sera aussi porté à la bouche via soit un autre aliment trempé dedans soit les doigts, soit une cuillère. On peut présenter aussi des morceaux de viande très tendre en fines lamelles : le bébé en suce le jus et en détachera des petits morceaux.

Quand les aliments ont été proposés sous leur forme la plus simple possible on peut les incorporer dans des préparations. Voici quelques idées de recettes avec différentes textures :

-         Galette

-         Pancakes

-         Mini muffin salé

-         Omelette aux légumes

-         Croquettes céréales et légumes

-         Crêpes

On privilégie les fruits crus pour garder les vitamines et si besoin on les mixe en compote crue.

Très vite la diversification menée par l’enfant permet d’avoir un seul et même menu pour toute la famille : on veillera toujours à limiter le sel ajouté dans les préparations ainsi que le sucre. Avant 3 ans il n’est pas nécessaire d’en proposer à votre enfant. (petit rappel : on n’est pas frustré de ne pas manger quelque chose dont on ne connait pas l’existence)

Si d’avoir un seul menu pour toute la famille est pratique cela permet en général à tout le monde de manger plus sainement : on fait d’une pierre 2 coups en prenant soin de la santé de tous ! Parole de diététicienne.

9. Quelles quantités ?

Il convient de rappeler et d’avoir toujours à l’esprit que jusqu’au 1 an de bébé, le lait reste et doit rester son aliment principal.

Entre 6 et 9 mois, l’alimentation solide représente environ 20% des apports de la journée

Entre 9 mois et 1 an, elle représente environ 50%

Toutefois gardez en tête que chaque bébé est différent, chacun avec des appétits différents.

La diversification (via la DME ou en méthode classique) est là pour permettre à l’enfant d’explorer de nouveau goûts, de s’y familiariser, de développer ses compétences, mais ne doit en aucun cas se substituer au lait. Quand les quantités prises sont minimes on recommande de donner d’abord le lait puis de laisser l’enfant explorer la nourriture. Il le fera d’autant plus volontiers qu’il ne sera pas affamé et donc plus patient et plus serein face à cette nouvelle expérience.

Jusqu'au 1 an la quantité de lait donnée doit se situer entre 500ml minimum et 800ml.

Après 1 an il faut encore au minimum 330ml de lait.

Pour les bébés allaités on reste toujours sur l’allaitement à la demande.

Le principal rôle de la diversification est à cet âge de découvrir un maximum de goûts et de textures tout en couvrant ses besoins nutritionnels : calcium, fer, vitamines… 

Proposer lui un maximum de fruits et légumes sous toutes leurs formes, ne renoncez pas à proposer des aliments refusés la première fois, les papilles gustatives ont besoin d’être confrontées plusieurs fois à un aliment nouveau pour s’éduquer à de nouvelles saveurs (au moins une dizaine de fois avant de savoir qu’on n’aime pas).

Ce principe est à garder pendant toute l’enfance : les goûts évoluent avec l’âge et cela permet de maintenir une curiosité vers les nouveautés. L’introduction de nouveauté dans l’assiette est donc essentielle.

Conclusion

Présentée comme THE méthode de diversification qui règle tous les problèmes la DME est ni plus ni moins qu’une méthode permettant de respecter l’enfant et ses besoins quant à l’alimentation.

Que l’on commence par les purées, ou les morceaux, l’important est la diversité des aliments proposés : plus il y a de diversités tôt plus l’enfant a de chance de manger de tout plus tard. C’est cela qui réduit les risques de néophobie alimentaire.

Il est à noter que certains bébés n’aiment pas la DME pour plusieurs raisons : toucher la nourriture avec les mains peut les rebuter par exemple, et qu’une diversification classique faite en toute bienveillance sera mieux adaptée dans ce cas.

Comme pour le débat allaitement VS biberon : l’important est d’être éclairé sur les options qui s’offrent à nous afin de choisir celle qui nous convient le mieux. 

N'hésitez pas à consulter une diététicienne formée pour poser toutes vos questions et vous lancer sereinement si besoin.