La diversification alimentaire est une étape importante dans la courte vie de votre bébé et pour vous également en tant que parents. Source d’inquiétude et de crainte, je vais essayer de vous donner les clés d’une diversification réussie dans cet article.
Tout d’abord, on parle de diversification dès lors qu’on propose tout autre type d’aliment que du lait à son enfant. Les autorités de santé (Santé Publique France) recommandent aujourd’hui de mettre en place la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. On parle de diversification jusqu’au 1 an de l’enfant et pas d’alimentation : le lait reste et doit rester l’aliment principal. Les autres aliments sont de la découverte ; pas de panique donc si votre enfant mange de petites quantités. Il n’y a pas de règle en la matière : on vérifie sa croissance et son tonus en général.
Entre 4 et 6 mois on ne peut pas pratiquer la diversification menée par l’enfant (DME), on recommande donc de proposer des purées. On fera en sorte de proposer des purées de légumes ou de fruit crus ou cuits parfaitement lisses.
Quel est l’intérêt de diversifier l’alimentation de son bébé avant 6 mois ? Pour tous les enfants il est important de présentant les allergènes dès le début de leur diversification soit entre 4 et 6 mois car il y a une fenêtre de tolérance pour les aliments autre que le lait. Les études montrent qu’une introduction précoce des principaux allergènes réduit la fréquence du développement d’une allergie.
Le passage aux morceaux est une autre étape dans la diversification et peut-être celle qui fait le plus peur aux parents. Pourtant cette étape va permettre à votre enfant d’avoir une alimentation qui se rapproche de plus en plus de l’alimentation familiale. Nous allons voir ci-dessous plus en détails les étapes à respecter pour y parvenir.
Les étapes du passage aux morceaux
De la purée à la purée épaisse :
Au démarrage de la diversification on va proposer des purées parfaitement lisses dans une cuillère fine adaptée à la taille de la bouche de votre bébé. De plus avec une cuillère trop profonde on peut avoir tendance à donner trop de quantité d’un coup à bébé. On peut proposer des purées de légumes, des compotes, des purées de fruits crus par exemple mais sans pression sur les quantités.
L’équivalent d’un grain de riz suffit pour introduire les allergènes.
Une fois la diversification bien mise en place, l’objectif va être de proposer un maximum de goûts différents toujours sous la même texture. Purée de carottes, butternut, potimarron, haricots verts, petit pois, panais, courgette, chou-fleur ou brocoli, pointe d’asperge…. Sans féculents associés au démarrage afin que l’enfant découvre le goût du légume seul.
Puis on pourra introduire des féculents avec les légumes : pomme de terre, patate douce, céréales, lentilles corail…
Cela va épaissir la purée et permettre à votre enfant de passer une première étape dans les textures.
Les premiers morceaux :
2 mois après le début de la diversification, il est conseillé d’introduire de nouvelles textures. Si votre bébé se tient bien droit dans sa chaise, avale bien les purées lisses et épaisses, porte à sa bouche des objets ou aliments, essaie de manger dans votre assiette, s’il fait des mouvements de mâchonnement quand il porte à sa bouche alors il est prêt.
On pourra proposer soit des gros morceaux de légumes ultra-fondants que l’enfant pourra saisir dans sa main, soit des aliments qu’on écrasera à la fourchette ou moulinés avant de lui donner.
Si vous lui donnez des gros morceaux : je vous encourage à lire mon article sur la DME.
Sinon proposez lui des assiettes de légumes écrasés à la fourchette accompagnées de féculents et protéines moulinées si besoin.
Dans tous les cas, à partir de 9 mois vous pouvez donner des morceaux très mous qui s’écrasent entre langue et le palais à votre enfant. Une cuisson vapeur est recommandée pour obtenir une texture fondante et préserver les vitamines et minéraux. Par exemple, pour commencer on peut proposer un morceau de brocoli, de chou-fleur, de patate douce, une pointe d’asperge, de courgette ou encore de carottes qui sont facilement très fondants.
La taille et la variété des morceaux vont de paires avec l’habilité et les compétences développées par l’enfant. En suivant ce calendrier, vers 1 an environ votre enfant est capable de manger quasiment comme vous. Il est capable de croquer et mâcher des morceaux. Vous pourrez donc lui proposer les mêmes repas que vous, coupés en petits morceaux et en vous assurant que la texture et la taille des aliments soient sécuritaires.
On ne donne pas d’aliments petits, durs et ronds à des enfants de moins de 5 ans type cacahuète, grain de raisin, tomate cerise, …. Les aliments ronds ou ovales mous seront coupés en deux avant d’être présentés.
Les bienfaits du passage aux morceaux
Dans tous les cas, proposer des morceaux permet à votre bébé d’avoir une nouvelle expérience, d’apprendre à toucher la nourriture avec ses doigts, de mieux appréhender comment porter les aliments à la bouche, de découvrir les aliments sous une forme plus brute et plus proche de celle des adultes. Cela lui permet de faire comme les enfants plus grands (frère et sœur ou enfants plus grand à la crèche) qu’il peut observer. Cela permet le développement de la coordination œil-main-bouche, la motricité fine, de la curiosité vis-à-vis de l’assiette et un bon développement de la sphère buccale.
Les enfants ont besoin de développer leurs expériences sensorielles et l’alimentation en fait partie. Proposer régulièrement d’autres textures que les purées permet d’explorer avec ses 5 sens.
C’est également permettre à votre bébé de développer son autonomie, cela l’encourage à se nourrir seul. C’est une grande fierté pour de nombreux bébés que de pouvoir faire comme ses parents.
Cela simplifie également l’organisation des repas et des menus familiaux puisque l’enfant pourra plus rapidement partager les mêmes plats que le reste de la famille.
Enfin, l’introduction de nouveaux goûts, de nouvelles formes et textures permet de faire de la prévention sur la sélectivité alimentaire ou néophobie alimentaire. Plus on familiarise son bébé à une large palette de goût et textures dès son plus jeune âge plus on optimise les chances qu’il puisse manger de tout plus tard.
Les difficultés rencontrées et les solutions
L'enfant refuse les morceaux :
L’introduction des morceaux doit être progressive, certains enfants peuvent ne pas aimer une texture ou un goût, avoir peur de la nouveauté ou encore être trop fatigué à certains moments pour accepter cette nouvelle expérience. Lui proposer régulièrement c’est lui permettre de s’accoutumer au changement, d’éduquer ses papilles gustatives qui ont besoin de temps….
Dans tous les cas on suit l’évolution de ses compétences avant de passer à l’étape suivante.
Il faut donc s’armer de patience, continuer à proposer régulièrement, manger avec lui pour qu’il ait un modèle et stimule son envie de faire comme vous, lui permettre de porter à la bouche et d’explorer par ses doigts et ses mains avant de manger.
L'étouffement :
Souvent la crainte première des parents qui recule souvent l’introduction des premiers morceaux par peur de l’étouffement. Les bébés ont un réflexe de protection aussi appelé réflexe nauséeux (GAG réflexe). Ce réflexe est présent pour prévenir de ce risque : il permet de ramener vers l’avant l’aliment qui surprend, gêne l’enfant. Très vite votre enfant va comprendre que cette nouvelle texture peut se mâcher et s’avaler sans risque et le réflexe sera moins présent (même si on le garde toute sa vie). Toutefois, comme pour la pratique de la DME, respecter des règles de sécurité de base évite aussi les risques : chaise haute adaptée pour que votre bébé puisse avoir le dos bien droit, une tablette à la bonne hauteur et les pieds qui posent pour avoir un appui. On ne présente que des morceaux tendres et fondants qui s’écrasent facilement entre la langue et le palais : soit, écraser à la fourchette les morceaux soit, proposer des gros morceaux très fondants que l’enfant pourra porter lui-même à la bouche.
On ne propose pas 2 textures différentes en même temps. Pas de morceaux cachés dans une purée par exemple.
Et même quand votre enfant se débrouille bien, on garde une surveillance constante. Enfin, il est recommandé de se former aux gestes de premiers secours si besoin.
Mon bébé n’a pas de dents
Contrairement aux idées reçues, on n’a pas besoin d’attendre que bébé ait des dents pour proposer des morceaux : je le rappelle on parle de morceaux ultra fondants que l’on peut écraser entre la langue et le palais, les gencives suffisent donc largement à mastiquer les morceaux proposés.
Les erreurs à éviter
On ne force pas l’enfant, on propose et il explore à son rythme. Je le rappelle mais on pourrait appeler la diversification une découverte alimentaire. Chaque enfant explore à son rythme et le forcer n’aide en rien à créer une bonne relation avec l’alimentation. On suit son évolution et on propose quand il n’est pas trop fatigué.
On ne mélange pas purées et morceaux, on propose sous forme de purées les aliments non sécuritaires à proposer en morceaux au départ : viande et aliments non fondants et on propose à un autre moment des morceaux ultra fondant. Cela peut être dans le même repas mais pas le même plat. Par exemple une purée de légumes avec de la viande et un dessert composé de morceaux de fruits ultra fondants (ex : banane ou quartiers de pommes cuits vapeur)
Enfin, on varie les recettes pour éveiller sa curiosité et éviter la lassitude. Vous pouvez retrouver des recettes adaptées ici
On consulte qui ? Quand ? Pourquoi ?
On demande conseils à son pédiatre, une diététicienne, etc… si on a des questions, des doutes, besoins de conseils, si l’enfant a des allergies ou encore sur les quantités adaptées pour s’assurer que votre enfant ne présente pas de carences. Il pourra également vous conseiller sur les produits adaptés à l’age de votre bébé, mais aussi sur ses apports nutritionnels, la texture….
Consultez également si vous constatez que votre bébé a des difficultés à accepter les nouvelles textures. Plus tôt on dépiste plus on rééduque rapidement et on peut débloquer des situations plus facilement.