On a tous dans notre entourage une personne qui cherche à nous aider en nous donnant « ses recettes / méthodes » pour perdre du poids rapidement, « sans effort », une super astuce qui a marché sur elle ou untel ou qui nous abreuve de conseils qu’il suffit de suivre pour mincir. Pourtant au quotidien, les diététiciens accompagnent de nombreuses personnes souhaitant perdre du poids et qui malgré des changements mis en place avant la consultation n’y parviennent pas ou que partiellement (c’est-à-dire pas autant que ce qu’elle souhaiterait). Elles arrivent en consultation en ayant déjà suivi de nombreux conseils/régimes plus ou moins farfelu, et sont souvent désespérées.
Perdre du poids n’est pas simple et facile comme peuvent le laisser entendre de nombreux articles, la toute première chose à faire est de vérifier avec l’aide d’un professionnel de santé si besoin que vos apports sont adaptés à vos besoins, votre dépense et suffisamment équilibrés. Souvent on se trompe dans l’évaluation de ses réels besoins énergétiques, l’équilibre de ses apports ou on surestime sa dépense. Mais si tout cela est ok il existe de nombreuses possibilités qui peuvent expliquer des difficultés à la perte de poids. C’est ce qu’on investigue lors des consultations.
Je tiens à vous rassurer tout de suite, on trouve toujours des solutions et rien est perdu. Par contre il faudra peut-être changer sa façon de procéder, s’armer de patience, et s’entourer de professionnels de santé pour vous aider à atteindre votre objectif.
Les freins physiologiques
Tout d’abord explorons les diverses causes physiologiques qui peuvent freiner une perte de poids.
Le métabolisme basal : Votre métabolisme de base n’est jamais cassé comme on peut le lire ou l’entendre parfois, mais il peut ralentir pour s’adapter à une situation : ménopause et autres troubles hormonaux, apports alimentaires insuffisants, sédentarité, certaines maladies, âge, stress…. Bon à savoir : un métabolisme ralentit peut être amélioré avec l’alimentation et une meilleure hygiène de vie. Rien n’est définitif. Il est important de noter que c’est souvent plus long pour maigrir.
Les hormones : Le rôle de la leptine, de l'insuline et bien d'autres hormones joue un rôle dans la régulation de l'appétit et du poids. Les problèmes de thyroïde ou encore de résistance à l’insuline sont quelques-uns des exemples de dysfonctionnement hormonal qui peuvent nous faire prendre facilement quelques kilos.
Mettre en place une alimentation qui aide favorablement notre fonctionnement hormonal c’est mettre toutes les chances de son côté d’avoir une meilleure régulation de son poids.
Une dysbiose : La dysbiose est un état de déséquilibre de la flore intestinale. Le rôle de cette dernière est très étendu mais de nombreuses études ont permis de montrer un lien entre dysbiose intestinale et prise de poids. C’est donc souvent une des premières choses que l’on traite en tant que diététicien avant de se concentrer sur le poids. De plus, la dysbiose est souvent liée à un état inflammatoire qui influe sur la perméabilité intestinale. Cette dernière entraine souvent un surpoids. C’est un cercle vicieux dont il faut sortir avant de se mettre au « régime ». Vous retrouverez ici 10 conseils pour améliorer la santé de votre microbiote.
La génétique : Dans quelle mesure nos gènes influencent-ils notre poids ? Nous pouvons être porteur de mutation génétique qui vont favoriser la prise de poids (mutation génétique qui vont ouvrir l’appétit par exemple). Cependant ces gènes s’expriment souvent très tôt dans notre vie. L’épigénétique peut également s’exprimer si notre environnement n’est pas favorable. Mais sur l’épigénétique nous avons une marge de manœuvre contrairement à la génétique. Enfin, notre poids de forme est souvent déterminé par la génétique. C’est pourquoi il ne correspond pas toujours à notre poids idéal (celui qu’on aimerait faire). Certaines familles sont plus minces que d’autres, et à moins de lutter violemment contre sa nature toute sa vie, il est vain de chercher à viser un poids idéal sous son poids de forme : le corps n’aura de cesse de tout faire pour le retrouver.
L’hydratation : L’hydratation est essentielle pour avoir un métabolisme énergétique qui fonctionne correctement. Il est donc primordial de veiller à avoir une bonne hydratation pour être en bonne santé mais également lorsqu’on souhaite perdre quelques kilos. Bien manger ne suffit pas il faut bien boire.
Les freins psychologiques
Notre cerveau peut à lui seul nous empêcher de mincir. Voici quelques éléments expliquant ce mécanisme.
Le stress : Le stress chronique peut être un grand frein à la perte de poids. En favorisant le grignotage certes mais également par la production d’une hormone nommée cortisol qui peut vous ouvrir l’appétit. C’est une hormone qui va modifier l’utilisation du sucre dans notre corps, favoriser le stockage au niveau abdominal et nous inciter indirectement à manger plus d’aliments gras et sucrés.
La perte de poids en elle-même peut être vécue comme un stress physique et psychologique. Le cerveau met alors tout en place pour diminuer ce stress quitte à nous faire échouer dans notre souhait de maigrir.
Les émotions, le grignotage voire les Troubles du Comportement Alimentaire : On parle beaucoup de l’alimentation émotionnelle qui peut effectivement induire une prise de poids, mais il y a également certains troubles du comportement alimentaire qui non diagnostiqués et/ou non soignés peuvent également entrainer des modifications corporelles. Ces facteurs psychologiques sont importants à prendre en compte : un travail sera fait en nutrition pour construire une assiette ou un repas adapté mais on peut aussi mettre en place un suivi psychologique avec par exemple un travail sur l’inconscient, les croyances reçues de sa famille, la gestion de ses émotions, …
La motivation à maigrir doit également être bonne et durable sinon elle ne sera pas suffisante et pérenne pour obtenir des résultats sur le long terme. C’est le meilleur moyen de faire le yo-yo. Savoir pourquoi on cherche à changer son poids et que cette raison soit suffisamment durable dans le temps permet souvent d’obtenir une meilleure motivation et surtout moins d’abandon si les résultats ne sont pas tout de suite à la hauteur de nos attentes. Cela implique souvent de faire la paix avec l'image de soi : notre image corporelle impacte grandement la réussite d'un régime. Apprendre à s’accorder du respect et de la valeur, peu importe le poids que l’on fait permet d’être moins focalisé sur les kilos/le chiffre et plus sur les raisons durables qui nous poussent à rééquilibrer notre alimentation.
Les freins environnementaux et sociaux
L'environnement alimentaire : L'omniprésence de la malbouffe, de la nourriture ultra transformée, la taille des portions, les mauvaises habitudes alimentaires de la famille, les carences micro nutritionnelles (magnésium, sélénium, vitamine D, oméga 3…) empêchent votre poids de se réguler. Les facteurs sociaux : les pressions sociales liées à l'alimentation, les événements sociaux, sont autant d’éléments qui empêchent de maigrir quand ils sont trop présents ou qu’on n’a pas le recul émotionnel suffisant pour les mettre à distance.
Ces facteurs peuvent également à la longue fatiguer votre corps et notamment le métabolisme énergétique qui ne va alors plus fonctionner de façon optimale et vous faire prendre du poids en plus d’entrainer de la fatigue souvent chronique. Pour mincir, mettre en place une bonne nutrition qui inclut bien évidemment toutes les familles d’aliments est alors essentielle.
Le manque de sommeil : un mauvais sommeil lié par exemple à de courtes nuits, des insomnies ou encore des apnées du sommeil aura un effet dé-régulateur du poids. Le sommeil influe sur la production des hormones telles que la leptine ou la ghréline, interfère sur la production de neurotransmetteur également, baisse la dépense énergétique, etc.. Effectuer un travail pour améliorer son sommeil si besoin est donc une des clés d’action.
La sédentarité : Grand frein à la perte de poids, on sous-estime souvent l'importance de l'activité physique. La sédentarité a pour effet de faire baisser la dépense énergétique liée à l’activité physique mais pas seulement. Elle entraine aussi, un plus faible pourcentage de masse musculaire. Cette dernière est connue pour avoir une dépense énergétique supérieure à la masse grasse au repos. La dépense énergétique est donc plus faible tout au long de la journée lorsqu’on est sédentaire. De plus, la sédentarité agit aussi négativement sur la santé et la longévité qu’une mauvaise nutrition. Se mettre au sport est donc toujours une bonne idée, encore plus si on trouve un sport qui nous plait et qu’on aura plaisir à pratiquer.
Comment surmonter ces freins ?
Vous l’aurez compris le surpoids n’est pas une fatalité mais cela nécessite de comprendre la ou les raisons. Souvent d’origine multifactoriel il est souvent nécessaire de prendre de nombreux paramètres en compte pour obtenir des résultats. Multiplier les régimes n’est pas la meilleure option car les régimes ne traitent que la conséquence et pas la cause de la prise de poids et ils entrainent des résistances à la perte de poids sur le moyen et long terme.
S’entourer de professionnels de santé peut souvent permettre d’y voir plus claire parmi tous ces freins/causes et d’effectuer un travail plus efficace à long terme.