Le surpoids chez l'enfant

par Marie CUBIZOLLES

3 October 2023

9 min. de lecture

Le surpoids et l'obésité chez l'enfant et l'adolescent, comment le prévenir et le prendre en charge.


1. Définition

Comme pour l’adulte le surpoids chez l’enfant est défini comme un excès de masse grasse corporelle. Ce surpoids n’est pas évalué à l’œil mais par un ensemble d’indicateurs tel que l’IMC.

On parle d'obésité de l'enfant à partir d'un niveau de surpoids défini selon l'âge, le sexe et l'indice de masse corporelle (ou IMC). source AMELI

2. Calculer l’IMC

L’IMC est calculé selon le poids et la taille de l’enfant. L’IMC sera un des indicateurs permettant d’évaluer le surpoids ou l’obésité de l’enfant.

Il se calcule : Poids (en kg) / taille² (en mètre)

Contrairement aux adultes, même si la formule de calcul est la même il faudra reporter le résultat sur la courbe dédiée à l’IMC présente dans le carnet de santé aux côtés des courbes sur le poids et la taille.

Cette façon de procéder est valable pour les 0 à 18 ans. Le suivi de la taille et du poids sur les courbes de croissance dans le carnet de santé est donc indispensable pendant toute l’enfance. C’est un outil incontournable dans le diagnostic. C’est pour cette raison qu’il est important que le médecin et pédiatre de l’enfant fasse ce suivi.

3. A quel âge faut-il s’inquiéter ?

Jusqu’à 5-6 ans la courbe de l’IMC est descendante car les enfants ont tendance à s’affiner avec l’apprentissage de la marche et leurs capacités motrices sont en plein développement. L’IMC remonte à partir de 6 ans. Si le rebond a lieu avant, il est conseillé de consulter un professionnel de santé pour faire le point sur les habitudes alimentaires et l’hygiène de vie de l’enfant. En effet, un rebond (aussi appelé rebond d’adiposité précoce) avant 6 ans est une prédisposition au surpoids et à l’obésité à l’âge adulte. Plus ce rebond aura lieu tôt, plus le risque d’obésité est augmenté.

En plus de ce rebond, il faut s’inquiéter de tout changement de trajectoire dans la courbe de poids d’un enfant. S’il change de percentile, il est important de comprendre pourquoi. A partir du moment où le surpoids s’installe il est utile de consulter pour pouvoir mettre en place des actions qui aideront l’enfant à grandir tout en limitant la souffrance et/ou les difficultés engendrées par un surpoids ou une obésité. Plus le dépistage est précoce, plus on maximise les chances de réguler le poids rapidement. Il faudra mettre en place une prise en charge multidisciplinaire avec médecin, diététicien et psychologue pour soutenir l’enfant dans sa globalité et être efficace.

De plus, si l’enfant est essoufflé en courant, présente des signes d’inconfort physique à l’effort, n’est pas à l’aise, il ne faut pas hésiter à consulter car un surpoids même léger est peut-être en train de se mettre en place. Même si le surpoids n’est pas très important mais que l’enfant subit des remarques sur son poids, il est important d’en tenir compte et de consulter pour qu’il s’épanouisse sans traumatisme.

4. Les facteurs de risque :

Les facteurs de risques sont nombreux et souvent multifactoriels : des parents et une famille où le surpoids et l’obésité sont fréquents, une prédisposition génétique, un manque d’activité physique, de mauvaises habitudes alimentaires, un milieu socio-économique défavorisé, un sommeil de piètre qualité ou insuffisant, des facteurs psychologiques : dépression, TCA, traumatismes…, une exposition accrue aux écrans entrainant une sédentarité…

5. Les conséquences du surpoids à court, moyen et long terme

Le surpoids et l’obésité infantile peuvent entraîner des maladies chroniques telles que le diabète de type 2 qui n’est pas une pathologie réservée aux adultes. Les fractures, les difficultés respiratoires, des troubles musculo squelettiques, sont d’autres pathologies qui peuvent survenir à court, moyen ou long terme.

Des dépistages de résistance à l’insuline sont recommandés chez les enfants obèses dès 10 ans car les cas d’adolescents atteint de diabète de type 2 sont de plus en plus fréquents. Les conséquences d’un diabète sont graves : hypertension, dyslipidémie, néphropathie, rétinopathie… Plus on pose un diagnostic tôt mieux on pourra prendre en charge l’enfant et moins les conséquences seront importantes.

Sur le plan psychologique, les risques de harcèlements sont accrus tout comme une mauvaise image de son corps, mésestime de soi, troubles dépressifs et altération de la qualité de vie sont autant de conséquences possibles d’un surpoids et d’une obésité.

6. Quoi faire, comment agir ?

a.      Rééquilibrage alimentaire à viser d’éducation et pas amaigrissement : stabilise le poids

Chez l’enfant en surpoids ou obèse, il n’est pas question de mettre en place un « régime » et/ou un déficit calorique comme pour la perte de poids adulte. La diététicienne va chercher à rééquilibrer l’alimentation, réapprendre à manger, varier l’alimentation et prendre des bonnes habitudes qui seront durables dans le temps. L’effet recherché n’est pas la perte de poids à court terme mais plutôt une stagnation du poids, ce qui corrélé à la croissance permettra à l’enfant de s’affiner doucement avec le temps.

On fuit donc les régimes drastiques et on se met en cuisine pour réapprendre à mieux manger.

b.     Remise en mouvement : sport

L’alimentation ne sera pas le seul axe d’action. On essaie de mettre le corps en mouvement. Pour cela on cherchera quelle activité physique plait à l’enfant et comment on peut lui permettre de bouger davantage au quotidien. On ne se contente pas d’une heure de sport par semaine dans un club mais on regarde quelles actions on peut mettre en place pour que l’enfant bouge un peu chaque jour.

Cela lui permettra de se muscler mais aussi de créer du lien avec son corps.

c.      Les écrans

Le temps devant les écrans (TV, Smartphone, console de jeux…) sera regardé et s’il est trop important, il pourra être intéressant de le diminuer. Cela laissera de la place pour d’autres activités physiques ou non qui permettront à l’enfant de développer des compétences qu’il pourra valoriser et qui lui permettront de prendre confiance en lui.

d.     Sommeil

Le sommeil en qualité et en quantité est très important pour être en bonne santé, physique et mentale. Un manque de sommeil a un impact sur la corpulence et induit fréquemment du surpoids. Le manque de sommeil entraîne dans de nombreux cas une modification de l’alimentation vers une alimentation de moindre qualité : plus grasse et plus sucrée. Plus l’enfant est en âge de décider seul ou de prendre seul ses repas plus le déséquilibre alimentaire risque d’être impacté. Attention donc avec le manque de sommeil chez les adolescents.

e.     Equilibre psychologique : image corporelle, relation à l’école, aux autres enfants, à sa famille…

Les enfants et adolescents en surpoids ou obèses ont souvent une image corporelle dégradée. Cela impacte également leur confiance en eux, les relations avec les autres enfants et cela les place malheureusement souvent en cible de remarques sur leur physique. Le surpoids et l’obésité peuvent entraîner des problèmes du sommeil, des troubles dépressifs, de l’anxiété, une mésestime de soi qu’il est dommageable de laisser s’installer. Intervenir précocement permettra à l’enfant ou à l’adolescent obèse ou en surpoids d’être mieux outillé pour être bien dans son corps, dans sa tête et avoir une vie sociale épanouie.

7. Rôle des parents et du reste de la famille

Les parents ont un grand rôle à jouer pour permettre à leur enfant d’aller bien. Cependant cette responsabilité peut entraîner chez certains parents un sentiment de honte qui les freine à demander de l’aide ou à consulter. Les professionnels de santé ne sont pas là pour juger mais pour apporter une aide et des conseils bienveillants.

Les parents seront un soutien essentiel, ce sont eux qui vivent aux cotés de l’enfant ou de l’adolescent et qui pourront l’aider au quotidien. Avoir des parents impliqués dans la prise en charge de leur enfant est déjà un point central.

Cela passe par changer les habitudes à la maison : prendre les repas ensemble en famille, soutenir son enfant face aux remarques sur son poids, l’accompagner aux séances, se former à l’alimentation, prendre du temps pour faire une activité physique avec lui, acheter et cuisiner des aliments différents, apporter une écoute bienveillante face au problème de votre enfant, lui donner des conseils….

8. Quels professionnels consulter et quel parcours de soins mettre en place ?

L’HAS recommande une prise en charge multidisciplinaire. Celle-ci permettra de prendre en compte la situation dans sa globalité : situation familiale et sociale, situation scolaire, prise en compte de la santé physique et mentale… Tout cela permettra de mettre en place un parcours de soins adapté à l’enfant ou l’adolescent et d’agir avec efficacité. Médecin, psychologue et diététicien travaillent ensemble avec le patient pour l’accompagner dans toutes les facettes et optimiser ainsi la réussite de la prise en charge. En fonction de l’importance de l’obésité ou du surpoids, le parcours de soins sera adapté.

9. Comment prévenir le surpoids chez l’enfant ?

Comme on l’a vu plus haut, le surpoids est souvent multifactoriel. S’il suffisait simplement d’ajouter des légumes dans les assiettes vous ne seriez pas en train de lire cet article.

Ceci dit, on sait que favoriser les jeux en extérieurs et l’activité physique, proposer une alimentation diversifiée, peu transformée et riche en fruits et légumes mais aussi en aliments différents (la variété est très importante en nutrition), favoriser un bon sommeil sont déjà des bonnes pistes dans la prévention.

En tant que parent on peut parfois se voiler la face sur quelques kg en trop chez notre enfant. Sans faire une chasse acharnée aux kg et être obsédé par la composition des assiettes de vos enfants ou leur corpulence, ne pas tarder à consulter dès les premiers signes de prise de poids rapide, permet de mettre en place un parcours de soin rapide et efficace. C’est souvent le pédiatre ou le médecin de famille qui alerte les parents et écouter leurs conseils permet de gagner du temps.


Conclusion

Ne pas hésiter à consulter pour demander des conseils, de l’aide, pour vous et votre enfant. Ce n’est pas une fatalité et des professionnels de santé sont là pour vous accompagner sans jugement et avec bienveillance. Les conséquences peuvent être lourdes, donc mieux vaut prévenir que guérir : ne pas attendre pour consulter permet une plus grand efficacité et une prise en charge plus courte !

Dans certaines régions le réseau REPOP est présent pour coordonner les actions entre les différents professionnels pour la prise en charge de l’obésité pédiatrique. Si vous être dans une région ou ce réseau n’existe pas ou s’il s’agit d’un surpoids sans obésité, ne pas hésiter à rencontrer un(e) diététicien(ne) et une psychologue en plus de votre médecin traitant pour vous accompagner.